Arrivé sur place le vendredi, je me rends dans le centre-ville historique de Vitoria-Gasteiz pour le retrait des dossards sur la Plaza de la Virgen Blanca tout près de l’arrivée de la course, sur la magnifique Plaza de Espana sur laquelle nous passerons au début et à la fin de chaque boucle à pied. L’accueil est parfait, des bénévoles parlant français sont même là pour toute question. Le soir la pasta party se déroule dans une salle des sports avec un horaire en fonction de son numéro de dossard. L’organisation est au top. Retour à l’hôtel à une petite ½ heure de Vitoria et à 10 min du lac (départ et T1). Je passe une bonne nuit de l’avant-veille, ça me rassure pour la suite.
Le samedi matin, réveil à 7h30 pour se rendre au briefing en français à 9h au palais des Congrès de Vitoria. Présentation de la course pendant 45min, tout est prévu pour les 2 aires de transition et le transport en bus des triathlètes depuis Vitoria jusqu’au départ le jour de la course et le retour pour les accompagnateurs. Je retrouve des amis du club de Blain, ça fait du bien de voir des visages connus et de pouvoir discuter un peu en français. Sur le retour je fais la reconnaissance d’une partie du parcours vélo jusqu’au lac, lieu de départ et T1. On se pose un peu sur la plage, je prends des repères et je profite du paysage sublime. Il commence à faire très chaud alors on reste tranquille à l’hôtel pour rester au frais l’apm.
Je prépare mes sacs de transition et direction Vitoria pour déposer le sac RUN. IL fait très chaud dans la ville, 34°C et c’est étouffant, même météo prévue pour le lendemain, ça promet… Puis retour par le lac pour déposer le vélo et le sac BIKE. Le parc à vélo est impressionnant, près de 1000 vélos sur le full, 1300 sur le half et beaucoup d’avions de chasse, les espagnols vont envoyer du lourd. Fin de la journée à l’hôtel, la pression monte doucement mais je suis plutôt zen et j’arrive à trouver le sommeil vers 23h. Réveil prévu à 5h mais dès 3h du matin je suis complétement réveillé et je pense déjà à ma course. Je reste au calme dans mon lit en attendant la sonnerie du réveil.
Jour J, 5h du matin, c’est parti pour une longue journée. Petit-déjeuner en compagnie de 3 autres triathlètes espagnols (2 qui font le half et un autre le full comme moi) et direction le départ vers 6h. Je suis surpris d’être détendu mais je me concentre sur ma course et mes derniers préparatifs. Le jour se lève doucement et le lac est dans la brume, on aperçoit à peine la 1ere bouée depuis la plage. Je rentre dans le parc vers 6h30 pour un départ prévu à 8h25. Je prends mon temps, je prépare mes affaires et je retrouve les gars de Blain. On discute un peu, derniers conseils notamment pour la crème solaire et la chaleur et on se souhaite bonne course. Le speaker annonce un départ reporté d’un ¼ d’heure à cause de la brume sur le lac. Je retrouve ma femme Marie sur la plage et on se pose en attendant le départ du half. L’attente dure et le speaker annonce un report du départ d’ ½ heure. Je me couvre pour ne pas avoir trop froid et on regarde partir le half à 8H30. Ça va être bientôt notre tour, j’enfile ma combi, mon bonnet et j’embrasse Marie qui me souhaite une bonne course, cette fois on y est…
Je rejoints les amis du club de Blain sur la ligne de départ, on se place en 3ème ligne pour ne pas perdre trop de temps pour atteindre l’eau. Le speaker hurle « dos minutos » et là je sens la pression monter. 9h, la corne de brume sonne le départ, je me retrouve au milieu du paquet et ça remue jusqu’à la 1ère bouée. Au bout de 400m je trouve mon rythme et je me cale dans les pieds pendant tout le 1er tour. 1900m en 37min, je suis bien, petite sortie à l’australienne de 50m en marchant et c’est reparti pour le 2ème tour. Je me recale direct dans les pieds et je nage à l’économie, la brume disparait complètement et le soleil fait son apparition. Je remets un peu plus de jambes sur les 400 derniers mètres et me voilà déjà à la sortie de l’eau, un coup d’œil sur le chrono : 1h16 pour 4000m de nat, 1ère bonne surprise de la journée, moi qui visait au mieux 1h20.
T1, je me change complètement car j’ai pris l’option tenue vélo complète. Je me remets une couche de crème solaire et c’est parti pour une belle promenade à vélo. A peine sorti du parc, les participants du half nous rattrapent après avoir déjà fait une petite boucle. Je m’efforce de respecter les 10m mais difficile vu le nombre de vélos. Les arbitres passent et ne bronchent pas sauf quand un triathlète double sur la voie de gauche. Au bout de 5/6 km, les circuits half et full se séparent et la route est plus dégagée. Ça roule bien, un peu de vent favorable et après une petite bosse la route est en faux plat descendant. Je regarde la moyenne et je suis à 31km/h après 20km, je n’ai pourtant pas l’impression de forcer, je gère mon effort en gardant le cardio le plus stable possible, ne pas trop descendre en descente et ne surtout pas monter dans les bosses. En face on croise plein de cyclistes espagnols qui nous encouragent. La 1ère boucle de 47km se termine par le retour au lac et une belle bosse près du barrage et je commence à avoir mal au ventre. Je me rends compte que le petit-déjeuner est loin et que l’attente a été longue à cause du départ reporté. Je me suis alimenté dès la sortie de l’eau mais visiblement pas assez, je me force à manger un peu plus et je positive en me disant qu’après un moment dur viendra un moment plus facile. Fin de la 1ère boucle et mon mal de ventre est passé, ouf parce que l’arrivée est encore loin.
La 2ème boucle de 72km se fera dans la vallée au milieu de sublimes paysages vallonnés. Je profite du paysage mais la chaleur se fait ressentir de plus en plus. Je pense à bien boire et manger mais les bidons chauffent vite à cause du soleil et je suis obligé de m’arrêter à chaque ravito pour remettre de l’eau fraiche. Ça fera baisser la moyenne mais je ne peux pas faire l’impasse sur une bonne hydratation. La 3ème boucle de 61km me fera très mal, de plus en plus chaud, la chaleur devient étouffante et je vois des triathlètes s’arrêter dans les rares endroits ombragés, certains victimes d’un coup de chaud. Le vent s’est renforcé et la fin du vélo sera difficile, la fatigue se fait ressentir mais je vois que je ne suis pas le seul à souffrir. J’aperçois Vitoria au loin et ça me donne un regain d’énergie, la chaleur est de plus en plus difficile à supporter et je me demande comment je vais tenir sur le marathon. Je rentre dans la ville et les passants nous encouragent. Fin du vélo en 6h35.
T2, je descends du vélo que je laisse à un bénévole qui se chargera de le ranger pour moi, je descends une petite rue en trottinant sous les encouragements du public et je rejoints la tente pour me changer. Changement de tenue complet, et c’est parti pour le marathon. A peine sorti de la T2, je passe près de la ligne d’arrivée au milieu de la plaza de Espana, une ambiance de dingue et j’en ai la chair de poule. Je pense à l’arrivée qui m’attend au bout, je sens monter les émotions mais je m’efforce de rester concentré sur ma course. Je pars sur une petite foulée à 10km/h et 1ère bonne surprise les jambes vont bien. La 2ème bonne surprise sera un parcours course à pied assez ombragé et le vent qui m’a fait si mal sur la fin du vélo fait baisser la température dans la ville. Il fait quand même chaud et je continue à bien me ravitailler, je marche un ravito sur 2 sur la 1ère boucle de 10,5km que je termine en 1h10. En repassant près de l’arrivée, je sais à ce moment que j’irais jusqu’au bout, quoi qu’il arrive. Les jambes sont là, je suis un peu ballonné à cause de tout ce que j’ai bu mais c’est supportable. La 2ème boucle se fera comme la 1ère, c’est dur mais j’avance à un rythme qui me convient. A ce moment je sais que ça va pas trop mal mais que ça risque de se corser dans le 3ème tour. J’entame ce 3ème tour avec les jambes qui commencent vraiment à faire mal, le circuit est composé de quelques allers-retours qui me paraissent interminables. Je marche à tous les ravitos et de plus en plus longtemps. Je retrouve 2 triathlètes de Blain qui sont dans leur dernier tour, on s’encourage en faisant un bout de chemin ensemble. A ce moment tout le monde est dans le dur et ça me rassure, je ne suis pas le seul. Fin de la 3ème boucle, j’applaudis mes 2 compères blinois qui en terminent et je pars seul pour mon ultime tour.
La nuit commence à tomber et là c’est le mental qui prend le relais, comme depuis le début chaque bénévole que je croise me lance « Venga » ou « Animo » pour m’encourager et ça me fait du bien. Je me dis que rien que pour eux qui sont là pour nous depuis tôt ce matin, je me dois de finir. Les allers-retours du circuit sont un calvaire, je sens que je suis à bout de force et je dois marcher. Je regarde ma montre et il me reste 6km. Je repars en courant et je remercie chaque bénévole au passage de chaque carrefour et chaque ravitaillement. Comme par magie je retrouve ma foulée du début et j’avale les derniers kilomètres. Un dernier passage sur la plaza de Espana ou le public encore très présent mets une ambiance de feu, dernier aller-retour de 200m et retour sur la plaza de Espana pour cette fois sortir du parcours et courir sur le tapis d’arrivée. Je savoure l’instant, je prends mon temps, j’applaudis le public pour cette formidable ambiance et leurs encouragements et je passe la ligne d’arrivée submergé par l’émotion en 13h13min. Je suis vidé mais heureux, on me remets la médaille que je suis allé chercher au bout de moi-même et le t-shirt de finisher. Et je repense à tout ce chemin que j’ai réalisé, pas seulement les 226km du jour mais toute la prépa commencée en janvier et les 4 années précédentes pendant lesquelles j’ai pris de l’expérience sur mes triathlons depuis mon 1er XS à St-Gilles-Croix de Vie…
Un grand merci à tous pour vos petits mots d’encouragements, à Eric Gachignard, Laurent Lemonnier, Frederick Chapeleau pour vos conseils expérimentés, à Maxime Vauzelle pour m’avoir fait progresser en nat cette année, aux triathlètes des Herbiers Triathlon pour m’avoir accompagné sur mes longues sorties vélo, à Anthony Leroy, Karl et tous les gars de Blain triathlon et enfin à ma petite femme Marie qui a supporté ma prépa, m’a toujours soutenu et a vécu avec moi cette longue et belle journée à m’encourager. Jamais je n’aurais réussi sans son soutien. Et comme il ne faut jamais dire jamais (n’est-ce pas Tonio), à quand le prochain… 😉